Lui : [Depuis la cuisine.] Bonjour mon amour.
Elle : [Depuis la chambre, se réveillant.] Bonjour…
Lui : Bien dormi ?
Elle : [Un temps.] Oui… et toi ?
Lui : Oui-oui !
Elle : Tu fais quoi ?
Lui : Le petit-déjeuner.
Elle : Il faut finir le pain.
Lui : Je sais.
Elle : Il reste du jus d’orange ?
Lui : Une brique.
Elle : Et du lait ?
Lui : Oui, j’en ai acheté hier.
Elle : Tu as acheté du lait mais pas de jus d’orange ?
Lui : Je n’y ai pas pensé.
Elle : Tu n’aimes pas le jus d’orange ?
Lui : Si.
Elle : Alors pourquoi n’y as-tu pas pensé ?
Lui : Je ne sais pas.
Elle : Il reste quoi d’autre à boire ?
Lui : Une brique.
Elle : Et après ?
Lui : Je ne sais pas.
Elle : Attend, je me lève voir.
Lui : Non, bouge pas, j’te l’apporte.
Elle : Le jus d’orange ?
Lui : Non, le petit-déjeuner.
Elle : Sans jus d’orange ?
Lui : Avec.
Elle : Mais il n’y en a plus.
Lui : Si… une brique.
Elle : Ah…
Lui : [Il l’a rejoint dans la chambre avec le plateau du petit-déjeuner.] Voilà !
Elle : Merci.
Lui : [Il s’assoit à côté d’elle.] Tu penses à quoi mon amour ?
Elle : Tu ne veux pas savoir.
Lui : Si je te demande…
Elle : Quoi ?
Lui : Si j’te demande… c’est que j’veux savoir.
Elle : Non tu ne veux pas.
Lui : Quoi ? Le jus d’orange n’est pas bon, c’est ça ?
Elle : Si-si.
Lui : Alors quoi ?
Elle : Alors rien.
Lui : Tu penses à rien ?
Elle : Non.
Lui : Alors tu penses à quoi ?
Elle : C’est rien.
Lui : Je croyais que tu ne pensais pas à rien.
Elle : Mais si… mais c’est rien… laisse tomber !
Lui : Non.
Elle : Tu m’agaces à la fin !
Lui : C’est à ça que tu penses ?
Elle : Non… mais un peu.
Lui : C’est ça que tu voulais pas me dire ? Je t’agace ?
Elle : Non… mais là, oui !
Lui : Mais c’est non ou oui à la fin !?
Elle : Non, je pensais à autre chose, mais oui, là, tu m’agaces !
Lui : Pourquoi ?
Elle : Arrête de demander !
Lui : Je veux savoir !
Elle : Arrête d’insister !
Lui : Pourquoi ?
Elle : Car je réfléchis à comment te quitter.
Lui : Pardon !?
Elle : C’est ta faute aussi… Je voulais faire ça bien… gentiment… sans te blesser. J’y réfléchissais. Mais avec tout tes pourquoi-pourquoi-pourquoi aussi, t’es lourd à la fin… Alors voilà, maintenant, tu sais ! Content ?
Lui : Et pourquoi ?
Elle : Tiens, tu vois !
Lui : Mais dis-moi ce qui se passe à la fin, ça me fait franchement pas rire !
Elle : Moi non plus…
Lui : Ne change pas le sujet ! Dis-moi ce qui se passe !
Elle : Je ne dors plus.
Lui : Tu me quittes parce que tu ne dors plus ?
Elle : Oui.
Lui : Je ronfle ?
Elle : Non.
Lui : Je prends toute la place ?
Elle : [Elle se lève.] Non.
Lui : Alors pourquoi ?
Elle : C’est le chien du voisin.
Lui : Quoi le chien du voisin ?
Elle : Il aboie.
Lui : Quand ?
Elle : Le jour, la nuit, tout le temps quoi ! J’en peux plus !
Lui : Et ?
Elle : Je ne dors plus.
Lui : Le chien du voisin aboie ! Tu n’en peux plus du bruit ! Je peux comprendre… Mais on pourrait en parler au voisin ! Qu’il le dresse ! Qu’il lui mette un collier ! Qu’il le vende, ou j’sais pas moi… on pourrait même déménager si tu le voulais ! Je le ferais si tu me le demandais, tu le sais ! Je m’en fiche de cette maison ! Mais non, tu ne me proposes rien de tout ça, tu me quittes… Tu me quittes parce que le chien du voisin aboie !?
Elle : Oui…
Lui : C’est une blague !?
Elle : Non… [Elle sort.]
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